Dans une société où la question de l’autonomie des personnes devient de plus en plus urgente, Auriga Autonomy, un projet de fonds Article 9 SFDR à impact social de la société de gestion Auriga Partners, se distingue en mettant l’accent sur les besoins de 30 millions de Français confrontés à des problèmes d’autonomie.
Ce projet de fonds, porté par une équipe pluridisciplinaire (investisseurs, experts de l’impact de l’industrie et de l’autonomie – handicap et silver economy), se positionne comme un des premiers acteurs à financer des projets d’entreprises pour concilier performance financière et impact social positif. À ses côtés, meaneo, cabinet de conseil spécialisé dans l’accompagnement de fonds d’investissement à impact, a accompagné la structuration de ce projet ambitieux. À travers cette interview croisée, nous explorons les motivations, les défis et l’approche de ce partenariat stratégique entre Auriga Autonomy et meaneo.
1. Qu’est-ce-qui vous a profondément motivé à structurer ce projet d’investissement ?
[Adrien Taquet – Auriga Autonomy] Nous avons décidé de structurer ce fonds parce qu’il y a urgence. En France, 30 millions de personnes, font face à des défis d’autonomie (personnes âgées, personne en situation de handicap et leurs aidants). Le besoin est donc massif. Il y a un réel écosystème entrepreneurial pour répondre à ces besoins, mais une grande partie de ces entreprises peine à franchir le cap de l’amorçage, faute de financement pour se développer à plus large échelle. L’opportunité de créer un fonds article 9 dédié nous est apparu comme une nécessité, afin de donner aux entrepreneurs les ressources nécessaires pour déployer leurs solutions, d’abord en France, puis à l’international.
[Candice Brenet – Auriga Autonomy] L’utilité sociale est le coeur de ce projet : c’est littéralement le moteur de la création de valeur. Nous souhaitons que ce fonds soit un acteur central dans l’émergence d’un modèle économique qui répond à un besoin social réel. Je crois à une finance utile, qui combine rentabilité financière, performance sociale pour la collectivité et impact positif sur les personnes.
[Mathieu Chatain – Auriga Autonomy] Depuis toujours chez Auriga Partners, nous mettons l’humain au coeur de nos pratiques d’investissement. Notre conviction est qu’il est possible de concilier impact social et performance économique. En structurant ce fonds, nous souhaitons démontrer qu’il est possible de générer des rendements financiers tout en ayant un véritable impact sur la vie des personnes en situation de handicap ou d’autonomie.
[Valérie Baschet – meaneo] Quand nous avons échangé pour la première fois avec l’équipe d’Auriga Autonomy, nous avons tout de suite été embarqués – ce projet nous donne beaucoup d’énergie. Il raisonne particulièrement avec la raison d’être de notre cabinet “contribuer à ce que les entreprises aient un impact positif et durable sur le monde”
[Didier Sensey – meaneo] Ce qui nous a aussi tout de suite séduit dans ce projet, c’est la vision claire des porteurs du fonds et la manière dont ils incarnaient cet engagement. Alors oui, structurer un fonds Article 9 à impact social est un challenge ambitieux. Pourquoi ? Car l’un des principaux obstacles réside dans l’absence de taxonomie claire et d’indicateurs de mesure. Nous avons donc accompagné Auriga sur cet aspect fondamental, en leur fournissant non seulement un cadre structuré mais aussi une vision pragmatique pour rendre ce projet à la fois crédible et attractif auprès des LPs. Très peu de fonds à impact social ont cette dimension en Europe, donc cela représente un défi à la fois innovant et stratégique.
2. Quelle est l’objectif et la stratégie d’investissement d’Auriga Autonomy ? Comment allez-vous mesurer votre objectif de création de valeur financière et extra-financière ?
[Adrien Taquet – Auriga Autonomy] Avant de définir un objectif d’investissement, il était crucial pour le fonds de définir quelle était la raison d’être du fonds, l’étoile polaire qui allait guider toutes les décisions futures, qu’il s’agisse de choisir des investissements ou d’arbitrer les projets. Grâce à meaneo, nous avons réussi à formuler la raison d’être suivante “Favoriser l’autonomie des personnes en situation de handicap, des personnes âgées et accompagner leurs aidant » Parce que l’autonomie est un droit fondamental, notre objectif est d’investir de façon responsable dans des entreprises qui la favorisent ou en préviennent la perte, améliorant ainsi la vie de millions de personnes âgées, en situation de handicap et de ceux qui les accompagnent.
[Mathieu Chatain – Auriga Autonomy] Concrètement, nous ciblons des entreprises en développement qui ont besoin d’un soutien à la fois financier et opérationnel pour passer à l’échelle :
- “Venture Capital” avec un produit validé et mis sur le marché
- “Growth” avec un premier million de chiffre d’affaires et une rentabilité
Nous souhaitons investir massivement en France puis en Europe dans plusieurs secteurs (santé, mobilité, éducation, emploi, culture, loisirs etc.) et plusieurs produits/services (technologie, équipements, biens de consommation et les services).
[Candice Brenet – Auriga Autonomy] [Candice Brenet – Auriga Autonomy] A l’instar de la performance financière, nous allons mesurer l’impact social et environnemental du fonds avec des indicateurs chiffrés. Sur la base des meilleurs référentiels (GIIN, France Invest et Objectifs de Développement Durables des Nations Unies) et du cadre SFDR de l’article 9, nous avons structuré une démarche exigeante d’impact et de durabilité. L’objectif de ce dispositif, c’est de booster la portée et la qualité de l’impact sociétal de nos investissements de manière pérenne.
En pratique, cela va nous permettre de mesurer la création de valeur durable et partagée à un niveau consolidé pour le fonds et, au niveau de chaque participation, avec des indicateurs spécifiques pour évaluer l’impact de ses produits et services.
Notre dispositif est aussi conçu pour accompagner les dirigeants dans une trajectoire de croissance durable, en harmonie avec leur chaîne de valeur : pour cela, nous avons retenu un set de 14 critères règlementaires parmi les PAI (Principal Adverse Impact) obligatoires et facultatifs, allant de l’intensité carbone au traitement des fournisseurs et à la mixité de la gouvernance. Nous avons aussi choisi de nous fixer des objectifs volontaires avec des indicateurs supplémentaires, tels que le nombre de personnes en situation de handicap dans un rôle de management.
3. Quelle est votre ambition commune ? Quelles forces percevez-vous de ce collectif pluridisciplinaire ?
[Adrien Taquet – Auriga Autonomy] Notre ambition est claire : contribuer à la structuration économique d’une filière et d’un écosystème industriel autour de l’autonomie. Historiquement, cette filière relève davantage de la philanthropie ou de la sphère publique. Nous pensons, qu’il est temps de développer des acteurs compétitifs, capables d’apporter des résultats économiques tout en au bien commun. Nous y croyons et nous voulons en être les porte drapeau.
[Candice Brenet – Auriga Autonomy] Le métier de l’investissement appelle aujourd’hui de mobiliser un set de compétences élargi, bien au-delà de l’expertise financière traditionnelle. Dans un contexte marqué par les disruptions technologiques, les contraintes démographiques, de nouvelles aspirations sociétales, nous voyons un véritable momentum pour passer à l’échelle sur le financement de l’autonomie des personnes. Et la complémentarité de notre équipe est un atout majeur pour porter le projet du fonds Auriga Autonomy. Avec l’ambition commune qui nous unit, la complémentarité de nos réseaux, de nos expertises, nous amenons aussi une capacité à exécuter qui est réellement différenciante.
4. Pourquoi Auriga Autonomy a fait appel à meaneo pour se structurer ? Quel a été leur valeur ajoutée ?
[Mathieu Chatain – Auriga Autonomy] meaneo a immédiatement manifesté un enthousiasme concret pour le projet et a apporté un accompagnement très opérationnel et pragmatique, capable de traduire la vision du fonds en actions concrètes.
[Candice Brenet – Auriga Autonomy] Au-delà de leur enthousiasme, la force de meaneo réside dans son pragmatisme et sa connaissance approfondie du terrain des PME. Leur expérience avec d’autres fonds d’impact, combinée à leur capacité d’exécution, nous a permis de gagner un temps précieux, notamment sur la définition des indicateurs d’impact et des indicateurs règlementaires spécifiques à l’Article 9.
5. Plus concrètement, quel a été le rôle de meaneo dans la structuration du fonds ?
[Valérie Baschet – meaneo] Chez meaneo, nous nous positionnons comme de véritables Operating Partner. Pour Auriga Autonomy, cela a signifié traduire leur vision stratégique de création d’un fonds d’investissement à impact social en modèle opérationnel le plus clair et spécifique possible : nous avons accompagné l’équipe à définir la raison d’être et la mission du fonds, clarifier les objectifs d’investissement et les thématiques prioritaires, et structurer les indicateurs réglementaires SFDR (PAI/DNSH) et volontaires d’impact (qualité/portée de l’impact). Nous pensons en effet qu’à défaut d’une taxonomie sociale claire, il est essentiel de rendre lisible pour les LP’s les indicateurs de performance.
C’est de notre point de vue une condition au succès des fonds à impact social. Notre intervention a aussi couvert la préparation de la documentation juridique et marketing destinée aux LPs, afin de rendre le projet compréhensible et attractif.
[Didier Sensey – meaneo] Nous avons veillé à ce que la création de valeur soit entrepreneuriale et opérationnelle et non seulement théorique. Concrètement, nous avons travaillé sur l’opérationnalisation complète du fonds, en alignant tous les processus de l’entrée à la sortie jusqu’aux mécanismes du carried interest, pour garantir un alignement d’intérêt total. L’accompagnement au plus près des équipes d’Auriga Autonomy a permis de transformer une vision engagée en outils et pratiques tangibles, conciliant impact social et performance économique.
6. Où en êtes-vous aujourd’hui ? Quelles sont les prochaines étapes ?
[Adrien Taquet – Auriga Autonomy] Le fonds est en phase finale de structuration et les discussions avec plusieurs investisseurs institutionnels et partenaires stratégiques sont bien avancées. Depuis notre évènement de présentation le 23 septembre dernier, des investisseurs institutionnels ont déjà manifesté leur intention de participer à l’aventure (à hauteur de 20 millions €).