Le cabinet Figures intervient dans le conseil, l’expertise-comptable et l’audit des entreprises engagées dans une démarche de transition socio-écologique et numérique. Dès sa création, le cabinet a placé les enjeux RSE au cœur de son projet d’entreprise. En tant que CAC (commissaire au compte) Durabilité, Figures est aujourd’hui un partenaire privilégié de meaneo sur la phase d’audit des rapports de durabilité demandés par la CSRD. Dans cette interview croisée, les deux dirigeants fondateurs expliquent la complémentarité des deux approches - conseil et audit - en vue d’un meilleur accompagnement des entreprises vers la durabilité.
Didier Sensey : La CSRD est souvent vue comme un exercice de compliance, alors que c’est avant tout un exercice de réflexion stratégique ! Sa finalité est de questionner l’entreprise sur sa résilience par rapport aux grands enjeux auxquels elle va devoir se confronter. La démarche revient donc à identifier ces enjeux puis à les classer par ordre d’importance - ou de « matérialité » - , pour se concentrer sur ceux qui ont le plus d’impact. Grâce à cela, l’entreprise adapte son modèle d’affaires pour le rendre plus durable tant sur le plan économique, que sur le plan social et environnemental. La CSRD est un puissant catalyseur d’adaptation et de transformation de entreprises aux enjeux auxquels elles sont confrontées.
Emmanuel Flattet : Lorsque j’ai créé Figures, mon projet a été de proposer une vision différente de celles des cabinets d’audit dont j’étais moi-même issu. Je souhaitais faire valoir une autre approche sur ces sujets. Pour moi, la CSRD ne consiste pas à remplir des données dans un tableau, mais à se poser des questions de fond sur l’engagement socio-environnemental de l’entreprise. Aujourd’hui, nos auditeurs sont formés à auditer les rapports CSRD. Ce faisant, le cabinet engage sa signature sur la sincérité de la déclaration extra financière d’une entreprise. Avec meaneo, nous partageons donc la même vision et la même approche de la CSRD.
Didier Sensey : Tout-à-fait ! La CSRD est un sujet nouveau pour tout le monde et il est important de bien se coordonner dans la phase de mise en place de cette nouvelle directive. L’enjeu est de taille : la directive CSRD requiert que le reporting de durabilité des entreprises fasse l’objet, tout comme les comptes annuels, d’une vérification obligatoire par un commissaire aux comptes (CAC) durabilité ou un organisme tiers indépendant (OTI).
En tant que conseil, nous recommandons de travailler main dans la main avec l’auditeur afin de pré-valider certaines étapes intermédiaires dans la réalisation du rapport CSRD. Cela permet de bâtir un cadre de travail sincère, honnête et transparent, avec des fondations solides, pour avancer de manière constructive.
Emmanuel Flattet : Le cadre est aujourd’hui beaucoup plus normé qu’auparavant. La directive CSRD vise à créer des garde-fous pour éviter que des entreprises puissent continuer à donner des informations fausses, imprécises ou ambiguës, sans en apporter la preuve, juste pour l’image. Comme pour un audit financier, l’auditeur engage sa responsabilité, dans un premier temps avec un niveau d’assurance « modérée », mais qui devrait passer au niveau « raisonnable » à compter de 2028.
Il faut bien comprendre que contrairement aux audits financiers, les audits de durabilité se basent à 70% sur des données qualitatives, c’est-à-dire sur des politiques mises en place, et assez peu sur des résultats chiffrés. Ainsi, notre audit consiste à vérifier l’authenticité de ces informations et à nous assurer que nous ne sommes pas dans une situation de greenwashing. L’auditeur ne regarde pas uniquement le produit fini. Il refait lui-même le travail d’analyse à l’envers pour vérifier que les choix ont été les bons. Pour toute réserve émise par l’auditeur, l’entreprise devra apporter des réponses. Et si son rapport n’est pas au niveau, cela pourra avoir des impacts importants sur sa réputation. C’est pourquoi, nous pensons qu’un travail à 3 – entreprise, audit, conseil – en bonne intelligence est recommandé.
Didier Sensey : Nous invitons nos clients à choisir leur CAC durabilité assez tôt et à l’impliquer dans le process CSRD. Avoir des points intermédiaires avec l’auditeur permet à l’entreprise de s’assurer que ses choix sont pertinents et qu’elle avance dans la bonne direction.
Emmanuel Flattet : Notre recommandation est en effet de créer un dialogue intelligent pour déminer en amont les éventuels écueils. Le travail de l’auditeur consiste à revenir point par point sur chaque étape de la démarche de double matérialité : le périmètre défini, la méthode suivie, la consultation des parties prenantes, etc… Par exemple, si une entreprise décide d’exclure le champ de la biodiversité, elle doit documenter ce choix et le justifier. Si une entreprise déclare que la gouvernance de l’entreprise est engagée sur les sujets ESG, nous vérifions s’ils sont bien à l’ordre du jour des réunions, ou si des incentives sont inclues dans la rémunération des dirigeants, etc… Si les orientations prises au départ ne sont pas les bonnes, cela implique de reprendre tout depuis le début ! Il nous parait important pour l’entreprise de sécuriser sa démarche et de travailler avec méthodologie en s’entourant des bonnes personnes pour la conseiller.